89-LE 8 MAI 1945 D'ELYANE !

Publié le par Djipy

          89-LE 8 MAI 1945 D'ELYANE !

Elyane, soprano dans la chorale des « VERDURONS » m'a confié que la lecture de mon texte << 88-HUIT MAI 1945 >>avait réveillé chez elle le souvenir encore vif de « son » 8 mai 1945, au fond d'un village bugiste ... Voici ce qu'elle m'a transmis :

 

                       MON 8 MAI 1945 !

 

      Un grand souvenir ! Le plus beau jour de ma vie ! Confessai-je à ma tante en fin de journée, dans l'exaltation d'une fête bien vécue.

 

      Trop jeune pour faire à pied les 6 km quotidiens qui me séparaient de l'école, ma mère m'avait appris à lire et à 7 ans, m'avait confiée à sa soeur, institutrice dans un petit village du bas Bugey : Peyrieu ! Village favorisé car protègé par le châtelain du lieu, un Américain, roi du pétrole. Déjà !...

      Il s'y était construit au début du siècle un merveilleux petit château Renaissance, et avait offert aux villageois une superbe école et des bâtiments publics – poste, four banal, patronage, fermes – inspirés des constructions alsaciennes à colombages. J'admirais ces édifices qu'aucun village de notre région, encore actuellement, ne peut offrir à ses administrés ... J'avais donc vécu les années 44 et 45 heureuse, choyée, auréolée du mystère de la camarade venue d'ailleurs, nièce de l'institutrice, mais pas favorisée pour autant – plutôt celle sur qui la maîtresse pouvait déverser impunément son agacement et calmer sa nervosité.

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      Voisins du village d'Izieu, l'arrestation des enfants Juifs avait fait grand bruit.
Ma tante avait hébergé quelque temps une femme, venue ... d'où ? partie où ? Et un garçon Juif, bien que de passage, avait réussi à me ''râfler'' ma place de première de la classe à laquelle j'étais accrochée. Mais il était plaisant; je lui pardonnai ... presque ... Ce matin d'avril 44 où les Allemands avaient vidé la maison d'Izieu, le village, la radio – mon oncle écoutait la Suisse – étaient en effervescence. J'ai gardé en mémoire la réaction
héroïque des enfants qui – face aux Allemands qui crevaient de rage, chantaient ''Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine''.

      Lorsque mon père, en août 44 – je passais l'été chez mes parents – rejoignit avec les copains maquisards la grand-ville de Lyon pour aider à sa libération, comme je regrettai d'être trop jeune – pas encore 8 ans. Si seulement j'avais eu 14 ans ! pour les accompagner en chantant ... Même si ma mère inquiète, murmurait :

                                                           « Où vont-ils se faire tuer »?

      Mais dès octobre 44, je retrouvai mon joli village au bord du Rhône. L'année fut agrémentée de fêtes multiples organisées pour le retour des prisonniers. Ils revenaient des ''camps'' ... ?? ... amaigris et hagards, de fermes de travail ... parfois avec quelques regrets ... mais oui ! ! !

                               ... et le village les accueillait joyeusement.

  ...

      Le château était occupé ... par des soldats Américains, en amis chez le propriétaire. Ils erraient dans le village, sourire aux lèvres et chewing-gum à la main pour les enfants curieux.

      Le dimanche, ils investissaient même le bistrot où l'on dansait, le banjo ayant remplacé l'accordéon. On attendait le grand jour ! Ma tante avait découpé de vieux draps pour les teindre en bleu et rouge afin de confectionner des drapeaux pour ses fenêtres. Plusieurs fois, mon oncle les y avait accrochés mais ... vite rentrés car c'était une fausse nouvelle !

  + + +

                 Enfin, le 8 mai arriva ! Un mardi ensoleillé !

  = = =

      A l'école, ma tante nous apprit la nouvelle tant attendue et notre cahier du jour s'illumina lui aussi d'un mardi – bleu – 8 mai resta en blanc – mais 1945 se maquilla d'un beau rouge vif ! La guerre était finie ! ! ! ... Nous n'aurions plus à craindre les soldats Allemands ni les piratages ''surprises'' des boutiques par quelques équipes de ''maquisards'' jeunes, sans scrupules et profitant de la situation.

      A la récréation, une escouade de soldats américains investit l'école. Ils étaient jeunes et beaux ! Tout sourires, ma tante, la maîtresse des petits, la directrice, la maîtresse des grands, les reçurent joyeusement. Ils arrivaient chargés de drapeaux américains et tricolores- que nous brandîmes bruyamment- de T.S.F. pour nous informer des dernières nouvelles, et de gigantesques boites de bonbons distribués par poignées ... Que de plaisir ... et pour les remercier, la Directrice nous invita à crier :

                                              ''VIVE L'AMERIQUE'' !

  °°°

                            L'extase ! J'avais 8 ans et demi !

  ¨¨¨

      Mais nous n'étions qu'au matin de ce 8 mai ! ''On'' nous offrit : ''vacances'' pour l'après-midi. Lorsque nous revînmes pour midi, à la maison de mon oncle, l'épicier – le village avait défilé bien sûr, à la boutique où Joannès colportait les nouvelles en les arrangeant pour plaire à chacun – avait sorti 2 tonnelets pour servir de supports à une immense planche devenue table ... et ça buvait ... et ça riait ...

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      Le soleil était de la fête qui dura jusqu'au soir. Enfant unique de mes parents, de mes 2 tantes, j'étais habituée à me réjouir avec les grands, même si je ne comprenais pas tout ce qui les amusait.

  °°°

      Ce fut grandiose ... et je confiais à ma tante en fin de journée :

  ...

                   « C'est le plus beau jour de ma vie » !

______

 

ce qui me valut l'habituelle raillerie me signifiant que ''je disais n'importe quoi !''

**** 

                         Eh bien ! C'est resté un grand souvenir

          et je suis encore heureuse et frémissante en y repensant.
 
: : :

                            Elyane, mai 2008 (écrit ici pour elle par Djipy le dimanche 1er juin 2008)

 

Publié dans Tendre souvenir

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N
LE PLUS BEAU JOUR DE SA VIE, C'EST BIEN <br /> ELIANE.ELLE N'A PAS CHANGE JE PENSE QU'ELLE<br /> DIT TOUJOURS CE QU'ELLE PENSE ET C'EST POUR <br /> CELA QU'ON L'AIME.
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